04/10/2018
Cybersecurity Insights
Wifi : vers une évolution de la régulation des fréquences 6 GHz
Depuis longtemps, les communications Wifi (ainsi que d’autres technologies radios) fonctionnent sur deux bandes de fréquence en France : la bande dite des 2,4 GHz et la bande dite des 5 GHz.
- La bande dite des 2,4 GHz, qui s’étend précisément de la fréquence 2401 MHz à 2483 MHz (82 MHz de large), permettant d’établir 13 canaux malheureusement en chevauchement les uns par rapport aux autres. Cette bande ouverte historiquement en premier est aujourd’hui encombrée par une quantité invraisemblable d’équipements et de technologie, se voyant les unes les autres comme des interférences dans cet espace fréquentiel réduit,
- La bande dite des 5 GHz, qui s’étend de la fréquence 5150 MHz à 5875 MHz (725 MHz de large), permettant d’établir 25 canaux indépendants, mais malheureusement soumis à certaines règles de cohabitation pour certains (limitation automatique des puissances – ou TPC – et changement automatique de fréquence en cas de détection de communication prioritaire – ou DFS). Cette bande ouverte plus tard reste encore assez libre, mais voit tous les jours augmenter le nombre d’équipements et de technologies, toutes souhaitant accaparer une partie plus large du spectre.
Le point commun de ces deux bandes de fréquence, et qui est valable pour la grande majorité des pays grâce à l’harmonisation des règles, est qu’elles sont toutes les deux libre d’exploitation. C’est-à-dire qu’il n’y a pas besoin de payer une licence auprès des organismes de gestion des fréquences pour avoir le droit de construire et de vendre du matériel communiquant sur ces bandes de fréquence.
Malheureusement le reste des fréquences disponibles est majoritairement soumis à licence (téléphonie mobile, WIMAX, etc.), voire complètement interdit pour des usages commerciaux (réservées aux différents corps d’armée, à l’aviation civile, aux organismes de prévision météo, aux communications satellites, etc.). Le monde des communications radio, et tout spécialement le Wifi, souhaite depuis longtemps obtenir un élargissement de bande de fréquence libre de toute licence, sans qu’un consensus n’arrive à se faire dans les hautes instances décisionnelles étatiques.
Et ce jour est arrivé, mardi 2 octobre 2018, l’organisme de régulation des communications aux US, la FCC, vient de faire le premier pas engageant une démarche d’ouverture d’une nouvelle bande de fréquence sans licence. La bande en question est dite « des 6 GHz » et regroupe en réalité deux morceaux distincts, le premier de 5.925 GHz à 6.425 GHz, et le second de 6.425 GHz à 7.125 GHz, soit un total de 1,2 GHz de largeur de bande. Cette nouvelle inédite viendra donc plus que doubler l’espace fréquentiel disponible actuel.
Voici le lien vers le récapitulatif de la demande émise par la Wifi Alliance : https://www.wi-fi.org/beacon/alex-roytblat/fcc-must-proceed-on-6-ghz-nprm-to-meet-growing-spectrum-demand
Voici le lien vers la retransmission de l’annonce de la FCC par la Wifi Alliance : https://www.wi-fi.org/news-events/newsroom/wi-fi-alliance-applauds-unlicensed-use-of-6-ghz-nprm
Bien sûr, ce n’est que le premier pas, tout un ensemble de règles est à définir pour la cohabitation des usages. A l’heure actuelle en France, la première partie de la bande est en partie occupée par des communications satellites dans le sens Terre vers Espace, et la deuxième partie est occupée par des équipements d’observation de la Terre (principalement au-dessus des océans), et par des équipes de radioastronomie.
Voici le lien vers le Tableau National de Répartition des Bandes de Fréquences (TNRBF) où il est possible de trouver ces informations aux pages 152 et 153 : https://www.anfr.fr/fileadmin/mediatheque/documents/tnrbf/TNRBF_2017-12-14.pdf
D’autre part, ce premier pas n’est bien effectué que par la FCC, ne concernant donc que les US pour le moment. L’expérience montre cependant que la plupart des changements de règlementation des fréquences aux US pour les utilisations commerciales impactent à terme la régulation mondiale. On peut donc espérer voir ce changement arriver d’ici quelques années en France.
Adrien GAILLARD
Consultant senior Infrastructure Security