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04/03/2022

Cybersecurity Insights

Tensions géopolitiques et conflit entre la Russie et l’Ukraine | 4 Mars 2022 – Suivi de l’actualité

A mesure de l’intensification des tensions géopolitiques inhérentes au conflit entre la Russie et l’Ukraine, les événements et incidents cyber recensés et signalés sont de plus en plus nombreux. Ceux-ci se matérialisent principalement de deux façons, à savoir la désinformation et les opérations cyber offensives.

Intensification des cyberattaques

A l’issue du discours de Vladimir Poutine en date du 24 février 2022, l’armée russe est entrée sur le territoire Ukrainien, marquant le début des manœuvres offensives militaires aériennes et terrestres. La veille de son discours, des attaques par déni de service distribuées DDOS (1) ont été observées, ayant pour principales conséquences l’inaccessibilité pendant plusieurs heures des sites des ministères de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires étrangères mais aussi de banques ukrainiennes.

De nombreux acteurs utilisent une variété de techniques et de nouveaux outils créant un paysage de menaces dynamiques que les éditeurs d’outils de protection tentent de couvrir au fur et à mesure des découvertes. On observe ainsi, l’apparition de codes malveillants destructeurs tels que WhisperGate, FoxBlade (aka HermticWiper / HermeticWizard) et SonicVote (aka HermeticRansom). D’après Microsoft, les comportements d’intrusion courants liés à ces attaques sont : une activité suspecte à distance, l’altération de l’antivirus et un accès illégitime au service LSASS. (2)

A titre d’exemple, quelques heures avant le discours de Vladimir Poutine, des chercheurs en sécurité d’ESET ont détecté le logiciel malveillant HermeticWiper qui aurait infecté des centaines de machines en Ukraine, rendu indétectable en raison de l’utilisation d’un certificat, attribué à une entreprise chypriote, empêchant la détection immédiate du code malveillant. La principale menace réside dans sa capacité à effacer des données ainsi que le Master Boot Record (MBR), rendant les ordinateurs inopérants. (3)

Le réseau satellite de Viasat et notamment le satellite KA-SAT était en partie indisponible, dès le 24 février 2022. L’une des conséquences tangibles a été l’indisponibilité d’Internet pour des centaines de milliers d’Ukrainiens et une dizaine de milliers de Français abonnés à Internet via Nordnet. La gestion à distance de quelques 6 000 éoliennes situées en Allemagne est également devenue impossible. L’attaque aurait potentiellement été conduite depuis la Russie, via le déploiement d’une mise à jour altérée générant un blackout sur certains modèles de modem, notamment utilisés par les services de sécurité et de défense Ukrainiens. (4)

A ce stade du conflit, aucun code malveillant actuellement utilisé dans le cadre de la guerre hybride n’a pour le moment été identifié dans l’écosystème cyber français. Nous observons cependant une augmentation des attaques opportunistes par hameçonnage s’appuyant sur l’actualité pour extorquer des informations ou installer des codes malveillants. Néanmoins, il est important de suivre l’évolution du conflit et d’anticiper toute escalade de la violence.

De plus, il faut prévoir une intensification des actions d’espionnage contre les gouvernements et entreprises des pays occidentaux.

Opposition entre groupes d’hacktivistes

Le climat géopolitique actuel a déclenché des cyberattaques contre des cibles des deux côtés. La majorité de ces attaques ont été lancées par des groupes d’hacktivistes idéologiquement engagés dans l’un des deux camps. A titre d’exemple « IT Army of Ukraine », une armée numérique créée bénévolement après l’appel du ministre Ukrainien, Mykhailo Fedorov, à défendre le cyberespace de l’Ukraine, réunit aujourd’hui plus de 35 000 membres.

Le climat géopolitique actuel a déclenché des cyberattaques contre des cibles des deux côtés. La majorité de ces attaques ont été lancées par des groupes d’hacktivistes idéologiquement engagés dans l’un des deux camps. A titre d’exemple « IT Army of Ukraine », une armée numérique créée bénévolement après l’appel du ministre Ukrainien, Mykhailo Fedorov, à défendre le cyberespace de l’Ukraine, réunit aujourd’hui plus de 35 000 membres.

Ces groupes d’hacktivistes ont chacun déclaré la cyberguerre au camp opposé.

La vérification des affirmations communiquées par ces groupes est difficile, bien que les attaques DDoS semblent être relativement fiables, de nombreuses affirmations peuvent s’avérer fausses. (6)

Le groupe cybercriminel Conti, proposé en RaaS, basé en Russie et à l’origine d’une multitude de séries d’attaques rançongiciels, a déclaré publiquement son soutien à l’invasion russe, avant de retirer rapidement sa déclaration face à la réaction de ses partenaires. Peu de temps après cette déclaration, un ou plusieurs membres de Conti soutenant l’Ukraine se sont mis à divulguer d’importantes informations sur le groupe cybercriminel : discussions privées, codes sources, forums… Cela pourrait signer la fin du groupe cybercriminel. (7)

A l’inverse, LockBit a annoncé ne prendre aucun parti, potentiellement pour éviter un conflit interne. (8)

Des informations sont en cours de diffusion par des comptes Twitter @TrickBotLeaks et @TrickLeaks annonçant disposer de preuves de la coopération du FSB avec les membres du groupe cybercriminel Trickbot. Ces informations n’ont pour le moment pas été officiellement vérifiées. (9)

État des lieux du climat géopolitique

Le Président de la République l’a affirmé dans son discours, il faut s’attendre à une intensification dans les semaines à venir des attaques menées contre l’Ukraine. La réponse de la communauté internationale, et particulièrement l’Europe se matérialise essentiellement par des sanctions économiques. Les secteurs particulièrement visés sont le secteur financier, le secteur de l’énergie et des transports, et les biens à double usage (civil ou militaire).

Le 2 mars, sept banques russes ont été déconnectées du système financier international SWIFT. En conséquence, des réactions russes peuvent être attendues. En 2012, à la suite de l’exclusion de l’Iran de SWIFT, une série d’attaques DDoS émanent de l’Iran et visant des organismes bancaires américains avaient été constatées. Dans ce contexte, les services essentiels ukrainiens sont les cibles privilégiées de cyberattaques sur le modèle des attaques de type destruction de données.

Nos recommandations

Nous vous recommandons d’élever votre niveau de vigilance vis-à-vis de la sécurité de votre SI en cette période et d’assurer une surveillance continue (SOC). Si vous disposez d’ancrages (filiales, partenaires stratégiques, …) en Ukraine ou dans les pays de l’Europe de l’Est membres de l’OTAN, nous vous recommandons fortement d’évaluer les risques associés au contexte géopolitique et prendre toute mesure drastique nécessaire pour protéger votre SI.

Nous attirons plus particulièrement votre attention sur les mesures de prévention suivantes :

  • Veiller à ce que les composants de sécurité (EDR, EPP, IPS, proxy, pare-feu, anti-spam…) soient opérationnels et à mettre à jour vos bases de signature et d’indicateurs de compromission.
  • Veiller à la bonne application des correctifs de sécurité sur les systèmes utilisés, en priorité sur les actifs exposés sur internet, mettre en place des mesures de confinement pour les systèmes non patchés.
  • Vérifier que les connexions externes (VPN, Citrix, UAG…) sont limitées au strict nécessaire et/ou durcir les accès, par exemple via une authentification multi-facteurs.
  • Isoler les copies d’or des sauvegardes de vos équipements critiques et veiller au bon fonctionnement de la stratégie de sauvegarde et de restauration.
  • Sensibiliser vos utilisateurs sur les attaques opportunistes de type hameçonnage s’appuyant sur l’actualité.

Enfin, nous vous conseillons de préparer un plan de continuité et de reprise d’activité afin de disposer des outils et méthodologies pour faire face à une menace de type rançongiciel ou « wiper » (malwares effaçant les données). Le bon fonctionnement de la stratégie de sauvegarde et restauration des données est essentiel.

Nous vous recommandons également de prendre en considération l’usage d’outils développés ou hébergés par des pays engagés dans le conflit géopolitique. Si vous disposez d’outils de substitution, il est préférable de les remplacer afin de diminuer l’impact du conflit sur votre système d’information.

En complément, en particulier dans le secteur industriel ou de l’énergie, il est fortement conseillé, sur vos micrologiciels, d’appliquer uniquement des mises à jour qualifiées ou de confiance.

Mathias GARCIAU

Manager SOC CERT CWATCH

Albane GIROLLET

Consultante Governance, Risks & Compliance

Chloé GREDOIRE

Consultante Governance, Risks & Compliance

Alia SAADI

Consultante Governance, Risks & Compliance

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Jour 5 : CTF #1 de l'avent

On complexifie le jeu pour ce jour #5 ! Notre équipe CERT vous propose aujourd’hui un petit challenge CTF à résoudre avant demain matin ! 

Retrouvez le challenge ici !

Jour 4 : Quel type d'attaque peut être qualifié de "triple extorsion" ?

  • Réponse 1 : Une attaque par ransomware
  • Réponse 2 : Une attaque par hameçonnage
  • Réponse 3 : Une attaque par déni de service
  • Réponse 4 : Une attaque par empoisonnement du cache DNS

Laïus explicatif : Le ransomware à triple extorsion est comme son nom l’indique une attaque durant laquelle les cybercriminels menacent de trois façons différentes leur victime.

  1. L’attaquant va demander une rançon à la victime pour qu’il puisse récupérer/déchiffrer ses données
  2. L’attaquant va demander une rançon pour ne pas publier / divulguer les données exfiltrées, il peut aussi demander une rançon pour un délai supplémentaire avant divulgation (retarder le compte à rebours)
  3. L’attaquant va mettre la pression à la victime pour augmenter les chances de paiement de la rançon via des attaques de type DDoS ou des appels téléphoniques, enfin il peut aussi demander des rançons aux victimes collatérales, dont les données auraient fuité indirectement dans l’attaque

Ce type d’attaque permet aux attaquants de maximiser le gain financier pour chaque victime, le ransomware étant déjà l’une des attaques les plus lucratives, il convient d’anticiper ce scénario et de s’en protéger convenablement.

Jour 3 : Parmi ces quatre choix, lequel définit le mieux ce qu’est l’ISO 27001 ?

  • Réponse 1 : Un standard listant un ensemble d’exigences relatives à la sécurité des systèmes informatiques d’une entreprise
  • Réponse 2 : Une norme listant un ensemble de bonnes pratiques permettant d’optimiser la cybersécurité au sein d’une l’entreprise
  • Réponse 3 : Une norme listant un ensemble d’exigences relatives à la sécurité des informations nécessaires à une entreprise
  • Réponse 4 : Un standard listant un ensemble de méthodes pour optimiser les pratiques relatives à la sécurité des informations utilisées par une entreprise

Laïus explicatif : L’ISO 27001 est une norme internationale, dont les entreprises peuvent se prévaloir en se faisant certifier par un organisme indépendant ; elle contient un ensemble d’exigences que chaque entreprise, quels que soient sa taille et son domaine d’activité, doit impérativement appliquer pour obtenir sa certification ; ses exigences constituent donc le référentiel des audits de certification. A ne pas confondre avec la norme ISO 27002 qui est constituée de recommandations, basées sur les bonnes pratiques internationales, permettant d’aider une entreprise à appliquer les exigences de la norme ISO 27001 (donc norme qui ne donne pas lieu à une certification).

Les exigences de la norme ISO 27001 portent sur les informations nécessaires à une entreprise, recueillies et/ou traitées, quel que soit son support, électronique, papier et oral.

Les trois critères de sécurité retenus par la norme ISO 27001 sont la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des informations. Tout événement, qu’il soit d’origine environnementale ou humaine, intentionnelle ou involontaire, impactant un de ces trois critères, relève de cette norme.

Jour 2 : Qu'est-ce qu'une attaque DDoS?

  • Réponse 1 : Un logiciel espion qui enregistre ce qu’écrit un utilisateur
  • Réponse 2 : Un procédé visant à perturber l’accès à un site ou une application
  • Réponse 3 : Un virus informatique qui chiffre l’OS de votre ordinateur en échange d’une rançon
  • Réponse 4 : Une attaque Informatique visant à détermine votre mot de passe en testant un grand nombre de possibilité

Laïus explicatif : Une attaque DDoS ou « Distributed Denial of Service » est une attaque visant à rendre indisponible un site en le submergeant de requêtes provenant de multiples sources. Dans le cas où toutes les requêtes proviennent de la même source, on parle simplement d’attaque DoS (« Denial of Service »), ou « par déni de service ».

Jour 1 : Qu'est-ce que DORA?

  • Réponse 1 : Une jeune exploratrice bilingue
  • Réponse 2 : Un protocole de communication décrit dans le RFC 9364
  • Réponse 3 : Une organisation internationale de régulation de la cybersécurité
  • Réponse 4 : Un règlement qui s’applique aux entités financières et aux tiers prestataires de services informatiques

Laïus explicatif : DORA ou Digital Operational Resilience Act est un règlement européen publié en 2022 et en vigueur depuis janvier 2023. Le règlement traite de la résilience opérationnelle numérique du secteur financier. Il est applicable aux entités financières comme les banques, assurances, entreprises d’investissement, les établissements de paiement, etc. mais également aux tiers prestataires de services informatiques. Les entreprises concernées ont deux ans pour se mettre en conformité. Ils devront donc l’être en 2025 !

Le pilier relatif à la gestion des risques liés aux prestataires tiers de services TIC apparait comme l’un des plus difficile à mettre en place et à maintenir dans le temps pour les entreprises concernées. En quelques mots, les entreprises devront considérer ces risques comme faisant partie intégrante du risque lié aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et notamment le risque de concentration, au niveau de l’entreprise mais également au niveau de l’ensemble du secteur financier européen. En effet, les autorités devront analyser ce risque en analysant les registres tenus et communiqués par les entreprises concernées par DORA et qui recense notamment la liste des tiers prestataires de services TIC avec lesquelles les entités financières conclues des contrats.

Pour plus d’informations, consultez notre avis d’expert sur le sujet : https://almond.eu/cybersecurity-insights/explorons-dora/