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16/06/2022

Cybersecurity Insights

Comment la mutualisation du renseignement cyber améliore la lutte contre les attaques

Éditeurs, experts, associations, mais aussi agences de renseignement travaillent de manière collaborative. Car la sécurité informatique est l’affaire de tous.

La DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure, qui dépend du Ministère de l’Intérieur) a installé depuis 2020 un stand de recrutement au salon FIC (Forum International de la Cybersécurité) de Lille. Une façon claire de montrer que les services de renseignement sont toujours à la recherche de compétences en matière de sécurité informatique. Mais les services de renseignement sont aussi présents au SSTIC de Rennes (Symposium sur la Sécurité des Technologies de l’Information et des Communications) ou d’autres conférences techniques. La DGSI et la DGSE sont en effet de grands acteurs R&D en cybersécurité, tout comme l’ANSSI.

La CTI (Cyber Threat Intelligence), discipline dédiée à la connaissance, la défense et l’anticipation des risques cyber, est donc l’affaire des organisations étatiques telles que le NIST, au même titre que les éditeurs de sécurité informatique ou d’associations spécialisées comme MITRE.

Des outils standardisés

N’importe quel cyberattaquant laisse des traces de ses activités malveillantes. C’est le principe d’échange de Locard. Ces traces peuvent permettre de déduire les techniques d’attaque qu’il a employées, comprendre le fonctionnement d’une vulnérabilité. Lorsque mises bout-à-bout, ces données peuvent permettre de savoir quel groupe de pirates utilise quel modus operandi (on parle de Tactiques, Techniques et Procédures, ou TTPs), voire parfois de pouvoir attribuer l’origine de l’attaque. Il est par exemple possible de détecter que des groupes de cybercriminels de Corée du Nord attaquent des casinos en Amérique du Sud ou des banques en Asie avec certains types d’outils comme DarkComet.

Pour aider à normaliser ces méthodes d’enquêtes, le MITRE a développé un framework, MITRE ATT&CK (Adversarial Tactics, Techniques and Common Knowledge), qui permet de classifier les différentes tactiques et techniques associées employées par les cybercriminels. L’association a aussi contribué à la création d’un format d’échanges standard (STIX, Structured Threat Information eXpression) sur les menaces.

Notons également la naissance d’initiatives collaboratives et open source telles que MISP et OpenCTI (initié par l’ANSSI) permettant de partager ces indicateurs / marqueurs et renseignements autour des attaquants et leurs méthodes.

La communauté et les différents contributeurs tendent donc à standardiser les outils afin de faciliter les échanges mais également de réduire les temps de détection et d’améliorer la compréhension des chaînes d’évènements des cybermalveillances.

Les structures d’État ouvertes au partage d’information

L’objectif de ces initiatives de normalisation est de faciliter la communication entre tous les acteurs de la lutte contre la cybercriminalité. Si les éditeurs et les associations, notamment dans le monde de l’open-source, participent de longue date à ces actions de partage, les structures d’état ont longtemps été plus discrètes.

Aujourd’hui, elles contribuent de plus en plus aux échanges en redescendant leurs informations à la communauté. Elles communiquent aussi publiquement sur leurs actions. Par exemple, l’ANSSI, qui scrute de près les attaques sur les OIV (Opérateurs d’Importance Vitale), publie dans une certaine mesure le résultat de ses recherches au travers des avis du CERT-FR. Elles sont disponibles avec différents niveaux de confidentialité : à destination du grand public mais aussi à destination des entreprises cibles et des acteurs de la lutte contre la cybercriminalité. On peut également trouver sur Internet, des challenges proposés par les services de renseignement aux spécialistes de la cybersécurité tels que celui de la DGSE (https://ctf.404ctf.fr/) ou encore celui de la DGA (http://www.dghack.fr/).

Cette capitalisation permet notamment à un analyste forensique d’orienter ses recherches. Par exemple, si une entreprise de Santé se voit subir une exploitation de la vulnérabilité CVE-2020-10189, l’analyste peut émettre l’hypothèse d’investigation suivante : le groupe attaquant pourrait être APT41. Il peut donc chercher des traces d’exécutions de Mimikatz mais également de Windows Credential Editor qui sont les techniques de récupération d’identifiants utilisées par le groupe.

Des initiatives qui viennent compléter les solutions de sécurité

Toutes les plateformes de CTI sont compatibles avec le format STIX. Les grands éditeurs contribuent à la lutte contre la cybercriminalité, en collectant et diffusant les informations critiques réunies à partir de leurs propres recherches, qui peuvent d’ailleurs s’inspirer des techniques utilisées par les services de renseignement. Dans le même esprit, les éditeurs de solution réseau, présentes dans la plupart des entreprises, collectent des informations et participent à la CTI.

Les renseignements partagés par ces acteurs toujours plus nombreux, sur des attaques toujours en hausse ont un effet positif : il est possible de capitaliser sur les incidents pour mieux analyser des tendances et anticiper les risques. Ainsi, le « Ransomware as a Service », aujourd’hui très à la mode chez les cybercriminels, va évoluer sur d’autres types de techniques. Reste qu’identifier les prochaines menaces ne signifie pas qu’on peut y échapper. Les attaques par ransomwares sur les hôpitaux en sont un parfait exemple : on sait la menace croissante depuis plusieurs années, mais leur manque de moyen en matière de solution de cybersécurité – leur priorité étant plus d’obtenir des lits de réanimation que des firewalls – en font des cibles de choix pour les pirates. La CTI est donc indissociable de la mise en place d’outils de sécurité avancés et à jour.

tristan pinceaux

Tristan PINCEAUX

Lead CERT CWATCH Almond

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Jour 5 : CTF #1 de l'avent

On complexifie le jeu pour ce jour #5 ! Notre équipe CERT vous propose aujourd’hui un petit challenge CTF à résoudre avant demain matin ! 

Retrouvez le challenge ici !

Jour 4 : Quel type d'attaque peut être qualifié de "triple extorsion" ?

  • Réponse 1 : Une attaque par ransomware
  • Réponse 2 : Une attaque par hameçonnage
  • Réponse 3 : Une attaque par déni de service
  • Réponse 4 : Une attaque par empoisonnement du cache DNS

Laïus explicatif : Le ransomware à triple extorsion est comme son nom l’indique une attaque durant laquelle les cybercriminels menacent de trois façons différentes leur victime.

  1. L’attaquant va demander une rançon à la victime pour qu’il puisse récupérer/déchiffrer ses données
  2. L’attaquant va demander une rançon pour ne pas publier / divulguer les données exfiltrées, il peut aussi demander une rançon pour un délai supplémentaire avant divulgation (retarder le compte à rebours)
  3. L’attaquant va mettre la pression à la victime pour augmenter les chances de paiement de la rançon via des attaques de type DDoS ou des appels téléphoniques, enfin il peut aussi demander des rançons aux victimes collatérales, dont les données auraient fuité indirectement dans l’attaque

Ce type d’attaque permet aux attaquants de maximiser le gain financier pour chaque victime, le ransomware étant déjà l’une des attaques les plus lucratives, il convient d’anticiper ce scénario et de s’en protéger convenablement.

Jour 3 : Parmi ces quatre choix, lequel définit le mieux ce qu’est l’ISO 27001 ?

  • Réponse 1 : Un standard listant un ensemble d’exigences relatives à la sécurité des systèmes informatiques d’une entreprise
  • Réponse 2 : Une norme listant un ensemble de bonnes pratiques permettant d’optimiser la cybersécurité au sein d’une l’entreprise
  • Réponse 3 : Une norme listant un ensemble d’exigences relatives à la sécurité des informations nécessaires à une entreprise
  • Réponse 4 : Un standard listant un ensemble de méthodes pour optimiser les pratiques relatives à la sécurité des informations utilisées par une entreprise

Laïus explicatif : L’ISO 27001 est une norme internationale, dont les entreprises peuvent se prévaloir en se faisant certifier par un organisme indépendant ; elle contient un ensemble d’exigences que chaque entreprise, quels que soient sa taille et son domaine d’activité, doit impérativement appliquer pour obtenir sa certification ; ses exigences constituent donc le référentiel des audits de certification. A ne pas confondre avec la norme ISO 27002 qui est constituée de recommandations, basées sur les bonnes pratiques internationales, permettant d’aider une entreprise à appliquer les exigences de la norme ISO 27001 (donc norme qui ne donne pas lieu à une certification).

Les exigences de la norme ISO 27001 portent sur les informations nécessaires à une entreprise, recueillies et/ou traitées, quel que soit son support, électronique, papier et oral.

Les trois critères de sécurité retenus par la norme ISO 27001 sont la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des informations. Tout événement, qu’il soit d’origine environnementale ou humaine, intentionnelle ou involontaire, impactant un de ces trois critères, relève de cette norme.

Jour 2 : Qu'est-ce qu'une attaque DDoS?

  • Réponse 1 : Un logiciel espion qui enregistre ce qu’écrit un utilisateur
  • Réponse 2 : Un procédé visant à perturber l’accès à un site ou une application
  • Réponse 3 : Un virus informatique qui chiffre l’OS de votre ordinateur en échange d’une rançon
  • Réponse 4 : Une attaque Informatique visant à détermine votre mot de passe en testant un grand nombre de possibilité

Laïus explicatif : Une attaque DDoS ou « Distributed Denial of Service » est une attaque visant à rendre indisponible un site en le submergeant de requêtes provenant de multiples sources. Dans le cas où toutes les requêtes proviennent de la même source, on parle simplement d’attaque DoS (« Denial of Service »), ou « par déni de service ».

Jour 1 : Qu'est-ce que DORA?

  • Réponse 1 : Une jeune exploratrice bilingue
  • Réponse 2 : Un protocole de communication décrit dans le RFC 9364
  • Réponse 3 : Une organisation internationale de régulation de la cybersécurité
  • Réponse 4 : Un règlement qui s’applique aux entités financières et aux tiers prestataires de services informatiques

Laïus explicatif : DORA ou Digital Operational Resilience Act est un règlement européen publié en 2022 et en vigueur depuis janvier 2023. Le règlement traite de la résilience opérationnelle numérique du secteur financier. Il est applicable aux entités financières comme les banques, assurances, entreprises d’investissement, les établissements de paiement, etc. mais également aux tiers prestataires de services informatiques. Les entreprises concernées ont deux ans pour se mettre en conformité. Ils devront donc l’être en 2025 !

Le pilier relatif à la gestion des risques liés aux prestataires tiers de services TIC apparait comme l’un des plus difficile à mettre en place et à maintenir dans le temps pour les entreprises concernées. En quelques mots, les entreprises devront considérer ces risques comme faisant partie intégrante du risque lié aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et notamment le risque de concentration, au niveau de l’entreprise mais également au niveau de l’ensemble du secteur financier européen. En effet, les autorités devront analyser ce risque en analysant les registres tenus et communiqués par les entreprises concernées par DORA et qui recense notamment la liste des tiers prestataires de services TIC avec lesquelles les entités financières conclues des contrats.

Pour plus d’informations, consultez notre avis d’expert sur le sujet : https://almond.eu/cybersecurity-insights/explorons-dora/