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11/05/2022

Cybersecurity Insights

Attaques ciblées sur les systèmes OT

Bulletin d’alerte Almond

Si ces dernières années ont vu les attaques ciblant des entreprises industrielles croître[1], cette croissance adopte depuis quelques semaines une trajectoire exponentielle. Dans un contexte global de montée de la menace, les entreprises industrielles apparaissent comme des cibles de choix et font face à la multiplication d’outils conçus spécifiquement pour viser leurs systèmes OT (Operational Technology).

Si ces dernières années ont vu les attaques ciblant des entreprises industrielles croître[1], cette croissance adopte depuis quelques semaines une trajectoire exponentielle. Dans un contexte global de montée de la menace, les entreprises industrielles apparaissent comme des cibles de choix et font face à la multiplication d’outils conçus spécifiquement pour viser leurs systèmes OT (Operational Technology).

Parmi les attaques recensées, on peut noter le ransomware qui a paralysé en février 2020 une installation de compression de gaz naturel maintenue anonyme. Selon le CISA qui est intervenu auprès de cette entreprise, l’attaquant est entré dans le réseau au travers d’une campagne de Spearphishing sur le système d’information de l’organisation. Une fois l’accès gagné, un ransomware non identifié a été déployé sur les deux réseaux, à savoir IT (Information Technology) et OT. N’ayant plus la possibilité « lire et d’agréger les données opérationnelles en temps réel », et les besoins en disponibilité et en traçabilité étant importants, il a été décidé d’arrêter les opérations pendant environ 2 jours. Une perte de productivité et un impact financier ont été déplorés.

Plus récemment, en lien avec la Guerre en Ukraine, de nouveaux outils d’attaque ciblant les systèmes OT, et particulièrement les systèmes de contrôle industriels (ICS), ont fait leur apparition. Parmi ces Advanced Persistent Threat (APT), on peut citer INCONTROLLER (alias PIPEDREAM), qui vise les dispositifs d’automatisation des machines  et de contrôle de surveillance et d‘acquisition de données (SCADA) sur les systèmes OT, notamment les automates programmables de Schneider Electric et d’Omron.

Cet ensemble d’outils semble avoir des capacités de perturbation, de sabotage voire de destruction physique. La capacité d’attaque de ce package d’outils sur mesure est semblable à celle des malwares TRITON, STUXNET, et INDUSTROYER qui était à l’origine de la panne de courant en Ukraine en 2016 et dont une nouvelle version émerge (INDUSTROYER 2).

[1] ENISA Threat Landscape 2021 — ENISA (europa.eu)

INCONTROLLER est composé de trois outils principaux : TAGRUN, CODECALL et OMSHELL :

Outil
Description
Capacités
TAGRUN
Recherche les serveurs OPC (Open Platform Communication), énumère la structure/les balises OPC, compromet les informations d’identification par force brute et lit/écrit les valeurs des balises OPC.
  • Analyse des serveurs OPC UA sur un réseau
  • Lecture de la structure des serveurs OPC UA
  • Lecture/écriture de valeurs de balise pour les données sur un serveur OPC UA
  • Compromission d’informations d’authentification par force brute
  • Sortie des fichiers de journalisation
CODECALL
Framework communiquant à l’aide de Modbus (protocoles industriels courants) et Codesys.

Interagit, scanne, et attaque des PLC de la marque Schneider Electric.
  • Identification des appareils compatibles Schneider Electric et Modbus sur le réseau
  • Connexion à des périphériques spécifiques via Modbus ou Codesys
  • Registres de périphériques de lecture/écriture sur Modbus
  • Demande de l’identité d’un appareil à partir d’une session via Modbus
  • Définition, vidage ou chargement de fichiers de macro de commande
  • Exécution de commandes spécifiques à un périphérique sur Codesys
OMSHELL
Framework permettant l’intégration et l’analyse sur certains automates Omron.
  • Recherche et identification des périphériques Omron sur le réseau
  • Effacement de la mémoire du programme de l’appareil et réinitialisation de l’appareil
  • Chargement de la configuration de sauvegarde et des données de sauvegarde à partir de l’appareil ou restauration des données sur l’appareil
  • Activation et connexion du démon telnet sur l’appareil, téléchargement et exécution facultative d’une charge utile ou d’une commande arbitraire
  • Connexion à une porte dérobée et exécution arbitraire de commandes
  • Capture du trafic réseau
  • Tuer des processus arbitraires en cours d’exécution sur l’appareil
  • Transfert de fichiers vers l’appareil

Ces outils sur mesure permettent à l’attaquant d’envoyer des commandes personnalisées via les protocoles réseaux industriels (OPC UA, Modbus, Codesys) afin de de couper les connexions et d’obliger une nouvelle authentification de l’utilisateur, de faire du déni de service, etc. Associés à deux outils supplémentaires en cours d’analyse, INCONTROLLER peut être utilisé pour mener une attaque sur les systèmes Windows sur les environnements IT et/ou OT (exploitation de la CVE-2020-15368 et d’une porte dérobée).

L’impact potentiel de ces attaques dans le monde réel, leur caractère tangible et facilement corrélable à des pertes (humaines et financières) en font des outils de plus en plus intéressants pour différents types de groupes (états, criminels, hacktivistes). Cet intérêt accru se traduit par une montée en compétence des attaquants, visible à travers l’exploitation de protocoles purement industriels mêlée à des attaques sur des systèmes IT, et explique l’augmentation significative d’attaques graves déplorées sur des systèmes industriels.

Les autorités américaines et françaises ont publié un bulletin d’alerte à destination des infrastructures critiques pour le renforcement de leur sécurité. Elles proposent quelques mesures d’atténuation :

  • Établir et maintenir une cartographie détaillée du réseau OT, et identifier les actifs critiques supportant les fonctions métier afin de réagir plus vite et efficacement en cas d’attaque.
  • Isoler les systèmes et les réseaux SCADA des réseaux IT de l’entreprise et d’Internet. Limiter toute communication entrante ou sortante sur les périmètres ICS/SCADA.
  • Limiter les connexions réseau des systèmes SCADA aux seuls postes de travail de gestion autorisés.
  • Vérifier la bonne configuration du pare-feu de manière à restreindre les flux à ceux qui sont strictement essentiels.
  • Réduire la surface d’exposition des parcs industriels à travers un VPN ou du filtrage IP.
  • Vérifier que les logiciels anti-malware et de prévention d’intrusion sont actifs sur les postes.
  • Changer régulièrement les mots de passe des équipements accédant au système SCADA. Utiliser des mots de passe complexes.
  • Mettre en œuvre le principe du moindre privilège.
  • Assurer la mise à jour des plans de continuité des opérations et/ou les plans de continuité des activités.
  • Formaliser et tester le plan de réponse à incidents plusieurs fois dans l’année.
  • Désactiver les services et les protocoles non utilisés.
  • Mettre en œuvre une collecte et une rétention des journaux des systèmes SCADA, des équipements de routage et de filtrage.
  • S’assurer que les VPN et les autres systèmes d’accès à distance sont mis à jour.
  • Protéger les systèmes de gestion Windows en configurant Windows Defender Application Control (WDAC), Credential Guard et Hypervisor Code Integrity (HVCI).
  • Installer des solutions de détection et de réponse (EDR) sur les équipements compatibles.
  • Sensibiliser les équipes à la cybersécurité.
  • Investiguer les comportements de déni de service ou de coupure de connexion, qui se manifestent par des délais dans le traitement des communications.
  • Si votre entreprise est victime d’une attaque, prenez contact avec les autorités compétentes qui proposent leur assistance (par exemple : l’ANSSI en France, la CISA aux Etats-Unis).
  • Définir et appliquer un processus d’encadrement des intervenants tiers, sur place ou à distance pour sécuriser les activités de supervision, d’administration ou de maintenance.

Alban RECLY

Consultant Governance, Risks & Compliance

François EHLY

Manager Governance, Risks & Compliance

Chloé GREDOIRE

Consultante Governance, Risks & Compliance

Witchel MERVEILLE

Consultant Governance, Risks & Compliance

L'équipe SOC CERT CWATCH

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Jour 4 : Quel type d'attaque peut être qualifié de "triple extorsion" ?

  • Réponse 1 : Une attaque par ransomware
  • Réponse 2 : Une attaque par hameçonnage
  • Réponse 3 : Une attaque par déni de service
  • Réponse 4 : Une attaque par empoisonnement du cache DNS

Pour y répondre, rendez-vous sur notre page Linkedin ! A vos votes !

Jour 3 : Parmi ces quatre choix, lequel définit le mieux ce qu’est l’ISO 27001 ?

  • Réponse 1 : Un standard listant un ensemble d’exigences relatives à la sécurité des systèmes informatiques d’une entreprise
  • Réponse 2 : Une norme listant un ensemble de bonnes pratiques permettant d’optimiser la cybersécurité au sein d’une l’entreprise
  • Réponse 3 : Une norme listant un ensemble d’exigences relatives à la sécurité des informations nécessaires à une entreprise
  • Réponse 4 : Un standard listant un ensemble de méthodes pour optimiser les pratiques relatives à la sécurité des informations utilisées par une entreprise

Laïus explicatif : L’ISO 27001 est une norme internationale, dont les entreprises peuvent se prévaloir en se faisant certifier par un organisme indépendant ; elle contient un ensemble d’exigences que chaque entreprise, quels que soient sa taille et son domaine d’activité, doit impérativement appliquer pour obtenir sa certification ; ses exigences constituent donc le référentiel des audits de certification. A ne pas confondre avec la norme ISO 27002 qui est constituée de recommandations, basées sur les bonnes pratiques internationales, permettant d’aider une entreprise à appliquer les exigences de la norme ISO 27001 (donc norme qui ne donne pas lieu à une certification).

Les exigences de la norme ISO 27001 portent sur les informations nécessaires à une entreprise, recueillies et/ou traitées, quel que soit son support, électronique, papier et oral.

Les trois critères de sécurité retenus par la norme ISO 27001 sont la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des informations. Tout événement, qu’il soit d’origine environnementale ou humaine, intentionnelle ou involontaire, impactant un de ces trois critères, relève de cette norme.

Jour 2 : Qu'est-ce qu'une attaque DDoS?

  • Réponse 1 : Un logiciel espion qui enregistre ce qu’écrit un utilisateur
  • Réponse 2 : Un procédé visant à perturber l’accès à un site ou une application
  • Réponse 3 : Un virus informatique qui chiffre l’OS de votre ordinateur en échange d’une rançon
  • Réponse 4 : Une attaque Informatique visant à détermine votre mot de passe en testant un grand nombre de possibilité

Laïus explicatif : Une attaque DDoS ou « Distributed Denial of Service » est une attaque visant à rendre indisponible un site en le submergeant de requêtes provenant de multiples sources. Dans le cas où toutes les requêtes proviennent de la même source, on parle simplement d’attaque DoS (« Denial of Service »), ou « par déni de service ».

Jour 1 : Qu'est-ce que DORA?

  • Réponse 1 : Une jeune exploratrice bilingue
  • Réponse 2 : Un protocole de communication décrit dans le RFC 9364
  • Réponse 3 : Une organisation internationale de régulation de la cybersécurité
  • Réponse 4 : Un règlement qui s’applique aux entités financières et aux tiers prestataires de services informatiques

Laïus explicatif : DORA ou Digital Operational Resilience Act est un règlement européen publié en 2022 et en vigueur depuis janvier 2023. Le règlement traite de la résilience opérationnelle numérique du secteur financier. Il est applicable aux entités financières comme les banques, assurances, entreprises d’investissement, les établissements de paiement, etc. mais également aux tiers prestataires de services informatiques. Les entreprises concernées ont deux ans pour se mettre en conformité. Ils devront donc l’être en 2025 !

Le pilier relatif à la gestion des risques liés aux prestataires tiers de services TIC apparait comme l’un des plus difficile à mettre en place et à maintenir dans le temps pour les entreprises concernées. En quelques mots, les entreprises devront considérer ces risques comme faisant partie intégrante du risque lié aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et notamment le risque de concentration, au niveau de l’entreprise mais également au niveau de l’ensemble du secteur financier européen. En effet, les autorités devront analyser ce risque en analysant les registres tenus et communiqués par les entreprises concernées par DORA et qui recense notamment la liste des tiers prestataires de services TIC avec lesquelles les entités financières conclues des contrats.

Pour plus d’informations, consultez notre avis d’expert sur le sujet : https://almond.eu/cybersecurity-insights/explorons-dora/