23/01/2023
Cybersecurity Insights
Analyse de la menace : Karakurt
Parmi les groupes d’attaquants ayant été actifs en 2022, on trouve celui affichant le logo d’une Veuve Noire: Karakurt. Il a été remarqué en compromettant plusieurs grandes entreprises et notamment l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) du Sénégal, qui a été l’une de ses dernières victimes. Cette attaque médiatisée a permis de mettre en lumière le mode opératoire du groupe ainsi que l’importance de la gestion de crise pour les organisations touchées.
L’équipe CTI et le SOC/CERT d’Almond proposent un portrait robot du groupe Karakurt ainsi que des informations supplémentaires sur leur supposée affiliation avec le groupe Conti. Leur récente attaque contre l’ARTP a, de plus, conduit à se poser les questions suivantes : Quel est l’état de la menace cyber sur le continent africain et quelles sont les stratégies mises en place pour y répondre ?
Identité :
Karakurt Team
Karakurt Lair
Motivation financière :
Rançon demandée (BTC)
25k$ – 13M$
Objectif : exfiltration de données, demande de rançon sans chiffrement de données.
16 victimes
en moyenne par mois
Les Etats-Unis, le Canada et
la Turquie sont les pays les plus touchés.
Affiliation avec Conti
L’équipe CTI et le SOC/CERT d’Almond invitent à réfléchir à ces questions au travers de ce rapport avec :
- Une synthèse des informations disponibles sur le site web du groupe ;
- Un détail du mode opératoire du groupe ainsi que les techniques et outils utilisés ;
- Un focus sur le lien entre Karakurt et Conti ;
- Une analyse sur l’état de la menace en Afrique et les stratégies de protection associées.
Etat de la menace en Afrique
Croissance exponentielle de la menace
La tendance actuelle de numérisation des infrastructures est une des premières causes de la forte augmentation de la cybercriminalité touchant les pays africains.
Le continent africain a entamé depuis quelques années cette phase de numérisation accélérée. On peut citer notamment la Stratégie de transformation numérique pour l’Afrique (2020-2030) de l’Union Africaine et des stratégies nationales telles que celles de la Côte d’Ivoire ou du Sénégal.
Néanmoins, pour la plupart des pays, ces politiques de transformation n’ont pas toujours été accompagnées de stratégies de cybersécurité efficientes afin de garantir un niveau de protection des systèmes d’information suffisant.
De ce fait, les quelques 500 millions utilisateurs d’Internet et les entreprises et institutions sont ciblés par les groupes d’attaquants.
A cela s’ajoute, la pénurie d’experts de la cybersécurité pour accompagner les entreprises et les administrations dans leurs travaux de sécurisation des infrastructures.
En 2021, Interpol et l’AFJOC (African Joint Operation against Cybercrime) présentaient leur rapport sur l’état de la menace en Afrique.
Les principales menaces identifiées étaient la fraude en ligne, l’extorsion numérique, la compromission de e-mails professionnels (BEC), les rançongiciels et les botnets.
Fraude en ligne
Extorsion numérique
BEC
Ransomware
Botnets
Mai 2022 | Mali
Direction générale des impôts – attaquée par Lockbit
Octobre 2022 | Sénégal
Agence de Régulation des Télécommunication et des Postes
Novembre 2022 | Sénégal
Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et Madagascar – attaquée par Lockbit
Novembre 2022 | Tanzanie
Tanzania Telecommunication Company Ltd
Novembre 2022 | Gambie
Banque centrale – attaquée par Blackcat
Focus sur l’attaque de l’ARTP
Karakurt a à son actif trois victimes sur le continent africain : l’Agence sénégalaise de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), la Tanzania Telecommunication Company Ltd, l’entreprise sud-africaine SAPPI Ltd.
L’attaque de Karakurt contre l’Agence de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) a été médiatisée. Cette violation de données, rendue publique le 17 octobre 2022 contre une infrastructure gouvernementale, a mis en lumière les manquements en matière de cybersécurité et de gestion de crise.
L’ARTP n’a réalisé aucune communication publique, ni via la presse, les réseaux sociaux ou encore via son site institutionnel pour informer le public de la violation, des risques potentiels, ou encore pour exposer les moyens mis en œuvre pour y répondre.
L’institution a refusé de payer la rançon et près de 102Go de données ont été publiées sur le site du groupe. Il s’agit principalement d’échanges d’e-mails avec d’autres ministères, des opérateurs de télécommunication, des informations sur des projets passés et à venir ou encore des données à caractère personnel.
Le manque de transparence des organisations du continent africain a été remarqué sur l’ensemble des attaques médiatisées listées ci-contre. En s’abstenant de communiquer, les organisations ne maitrisent pas les informations qui circulent; cela peut avoir un impact important sur leur image et augmenter les conséquences néfastes de la cyberattaque.
Pour lire le bulletin en entier, contactez-nous : [email protected]
Ophélie WEBER
Consultante Governance, Risks & Compliance
Alia SAADI
Consultante Governance, Risks & Compliance
Chloé GREDOIRE
Consultante Governance, Risks & Compliance
Albane GIROLLET
Consultante Governance, Risks & Compliance
Mathilde DELAUNEY-RISSETTO
Consultante Governance, Risks & Compliance
Anis ZAHZAH
Consultant SOC CERT Almond CWATCH